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Par angoye, le 23.09.2012
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Par franck, le 18.03.2011
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Par Microsoft Office 2, le 03.03.2011
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Date de création : 11.12.2010
Dernière mise à jour :
29.03.2011
67 articles
1 LA CRISE IVOIRIENNE
LA CRISE IVOIRIENNE
DE LA TENTATIVE DE COUP D'ÉTAT
AU GOUVERNEMENT
DE RÉCONCILIATION NATIONALE
Claudio Gramizzi
avec la collaboration de
Matthieu DamianRAPPORT DU GRIP 2003/2 2
© Groupe de recherche et d'information
sur la paix et la sécurité (GRIP)
rue Van Hoorde, 33
B-1030 Bruxelles
Tél.: (32.2) 241.84.20
Fax: (32.2) 245.19.33
E-mail: admi@grip.org
Website: www.grip.org3 LA CRISE IVOIRIENNE
Sommaire
Introduction 5
1. Bref historique du pays et contexte à la veille
du 18 septembre 2002 7
Tableau 1 : La Côte-d’Ivoire en quelques chiffres 8
2. La tentative de coup d’Etat du 18 septembre 10
2.1 Les faits 10
2.2 Les rebelles, qui sont-ils et que revendiquent-ils ? 11
2.3 Bilan des affrontements 13
3. Les réactions à la situation de crise 15
3.1 Au sein de la société ivoirienne 15
3.2 Au sein de la communauté internationale 16
3.2.1 Dans la sous-région 16
Une crise nationale à connotation régionale 17
3.2.2 Sur le plan international 17
4. Le comportement des deux parties 19
4.1 Les rebelles 19
4.1.1 Le MPCI 19
4.1.2 Les rebelles de l’ouest (MJP et MPIGO) 19
4.2 L’armée loyaliste 19
4.3 Les forces de l’ordre 20
5. La médiation de la CEDEAO 21
5.1 La signature du cessez-le-feu 21
5.2 Les négociations de Lomé 21
5.3 En marge des discussions de Lomé 21
6. La position de la France 23
La politique africaine de la France
est-elle à la mesure de ses ambition ? 24
7. Les accords de Marcoussis et Kléber 25
7.1 Contexte général et contenu des Accords 25
7.2 Analyse des points de l’Accord et remarques 26
8. Les réactions aux Accords en Côte-d’Ivoire 31
8.1 Au sein de la société 31
8.2 Au sein de la classe politique ivoirienne 32
8.3 Au sein de l’armée ivoirienne 33
8.4 Au sein de la rébellion 33
9. L’attitude du pouvoir ivoirien 35
10. Nomination du gouvernement de réconciliation
nationale 37RAPPORT DU GRIP 2003/2 4
11. Conclusions 40
Des questions qui demeurent,
des réponses qui s’imposent 41
Annexe 1. Les accords de Linas-Marcoussis 42
Annexe 2. Annexe des accords de Linas-Marcoussis 43
Annexe 3. Les accords d'Accra 455 LA CRISE IVOIRIENNE
Depuis le coup d’Etat du 24 décembre 1999 et
la période de violence qui suivit, les signaux encou-
rageants semblaient se succéder, laissant entrevoir
la fin de l’instabilité. Mais la Côte-d’Ivoire a plongé
à nouveau dans une crise profonde.
Née dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002
comme une simple mutinerie, la rébellion armée qui
secoue toute la sous-région présente des contours
qui demeurent, encore à ce jour, flous et indéfinis.
L’objectif de ce rapport est tout d’abord de
décrire les événements qui ont déchiré ce pays,
depuis l’éclatement de la crise jusqu’au 13 mars
2003, jour où s’est tenue la première session du
Conseil des ministres du gouvernement de récon-
ciliation nationale issu des Accords de paix signés
le 24 janvier 2003 lors de la Table ronde de
Marcoussis.
Nous tenterons également, dans la mesure du
possible, d’esquisser un profil des rebelles ainsi
qu’un premier bilan de six mois de combats. Il
faudra inévitablement considérer celui-ci comme
non définitif, les informations disponibles sur la
situation dans la partie du territoire sous contrôle de
la rébellion étant souvent incomplètes. Pour tenter
de mieux comprendre la situation qui règne sur le
terrain, nous consacrerons également un chapitre
de cette étude au comportement des différents
acteurs qui ont pris part aux combats et aux
réactions engendrées par ce conflit au sein de la
population ivoirienne.
Compte tenu de l’importance de la Côte-d’Ivoire
dans les équilibres régionaux et des liens privilégiés
qu’elle entretient avec l’ancienne puissance colo-
niale française, nous nous intéresserons aussi aux
réactions et aux initiatives pour résoudre le conflit
enregistrées au courant de ces six derniers mois,
tant au niveau de l’Afrique occidentale que de la
Introduction communauté internationale, avec une attention
particulière pour le rôle joué par Paris. Dans ce
cadre, nous analyserons avec attention le contenu
des textes de l’Accord de Marcoussis, véritable
tournant dans l’évolution de la crise, en cherchant
à prévoir les conséquences directes de leur appli-
cation.
Dans la conclusion, nous nous concentrerons
essentiellement sur les événements qui ont suivi la
signature de ces Accords en passant en revue les
réactions enregistrées au sein de la société ivoi-
rienne, du pouvoir, de l’armée loyaliste, des forces
de l’ordre et des mouvements rebelles.
Enfin, nous verrons dans quel cadre et suivant
quelles étapes la nomination du gouvernement de
réconciliation nationale a été possible. Notre étude
se conclut ainsi, d’un point de vue chronologique, à
la première réunion des Ministres dudit gouverne-
ment, le 13 mars 2003.
Si nous nous sommes attardés davantage sur la
situation dans la partie du territoire sous contrôle
gouvernemental et sur le comportement des forces
loyalistes, cela ne tient pas d’un choix précis de
notre part, ni encore moins d’une tentative délibé-
rée de condamnation du pouvoir institutionnel de
M. Gbagbo, mais simplement d’une plus grande
disponibilité de sources d’information et de docu-
ments. De plus, si nous avons formulé des critiques
à l’égard du gouvernement ivoirien dans sa gestion
de la crise et émis des réserves quant aux choix
qu’il a adoptés, nous n’entendons nullement justi-
fier la prise des armes comme option politique ni
cautionner les crimes commis par la rébellion ar-
mée.
Soulignons enfin que notre étude a pris fin à la
date du 19 mars 2003, alors que la crise sur le
terrain ne s’était pas encore définitivement résor-
bée et que plusieurs scénarios restaient envisa-
geables.RAPPORT DU GRIP 2003/2 6
Source: Site internet RFI-Radio France International - http : www.rfi.fr7 LA CRISE IVOIRIENNE
La Côte-d’Ivoire avait entamé son histoire ré-
cente de manière à devenir rapidement un modèle
de développement africain. Le père fondateur de la
république, Félix Houphouët-Boigny, avait réussi à
gérer savamment le pouvoir quasi absolu qu’il
détenait tout en préservant l’équilibre subtil entre
les différents groupes de la soixantaine d’ethnies
qui peuplent ce territoire de 322.460 km2
. A cette
stabilité politique s’ajoutait un développement éco-
nomique aux taux de croissance spectaculaires1
qui reposait principalement sur la production et
l’exportation de produits agricoles, essentiellement
le cacao et le café. Ces résultats ne furent possibles
qu’avec le concours d’une très forte immigration
depuis les pays voisins d’une main-d’œuvre labo-
rieuse et bon marché, encouragée par la stabilité du
pays et la perspective de bénéficier de la maxime
chère au Président selon laquelle la terre est pro-
priété de celui qui la cultive.
C’est au début des années 90 que les premiers
signes de faiblesse de ce système commencent à
se manifester. En 1990, le régime du parti unique
tombe suite au sommet franco-africain de La
Baule2
, les plans d’ajustement structurel imposés
par les bailleurs de fonds internationaux empêchent
l’économie ivoirienne de bénéficier des conjonctu-
res favorables sur les marchés des matières pre-
mières et les erreurs de gestion du trésor public
apparaissent au grand jour, donnant lieu aux pre-
mières émeutes sur fond de revendications socia-
les. Pour faire face à ces problèmes d’ordre finan-
cier, le président Houphouët fait appel à Alassane
Dramane Ouattara. Cet ancien cadre des institu-
tions financières internationales, vice-directeur du
FMI à la fin des années 80, musulman originaire du
Nord, est nommé Premier Ministre.
Suite au décès d’Houphouët annoncé officielle-
ment le 7 décembre 1993, une lutte pour l’acces-
sion au poste présidentiel se déclenche entre le
Premier Ministre et le président de l’Assemblée
nationale M. Henri Konan Bédié3
; elle sera fina-
lement remportée par le second en vertu d’une
disposition constitutionnelle. Les tensions nées à
cette occasion ne disparaîtront pas pour autant et
M. Ouattara finira par quitter le PDCI4
pour rejoin-
dre l’opposition au sein du RDR5
.
Entre-temps, la conjecture économique devient
défavorable à l’économie ivoirienne qui subit les
contrecoups de la dévaluation de 50 % du franc
CFA de 1994, contribuant à appauvrir une grande
partie de la population. Les conditions sociales se
dégradent, favorisant l’apparition de tensions entre
les nombreuses communautés qui cohabitent avec
des difficultés croissantes. L’élection présiden-
tielle de 1995 introduit un nouvel élément de divi-
sion : le concept d’« ivoirité ». Elaboré et théorisé
par l’entourage de Bédié6
, ce principe poursuit
avant tout un but politique, celui de justifier l’exclu-
sion de Ouattara de la course électorale en avan-
çant des doutes quant à sa réelle nationalité ivoi-
rienne. Les élections du 22 octobre qui consacrent
la victoire de Bédié avec 95,25 % des voix se
déroulent dans un climat tendu ; l’opposition opte
en effet pour le boycott du scrutin et le chef de
l’Etat-major de l’armée, le général Robert Guéï, est
limogé suite à son refus d’étouffer de manière
énergique les manifestations de protestation qui
entourent l’échéance électorale.
Sur fond de préparation de la nouvelle échéance
électorale et de tensions sociales croissantes, ac-
centuées par la suspension de l’aide internationale
en 1998 à la suite d’un scandale financier, la
question de l’ivoirité s’amplifie, menant à des déri-
ves xénophobes ; les accrochages entre les diffé-
rentes communautés présentes sur le territoire
national se multiplient et prennent des tournures
parfois violentes7
.
1. Bref historique du pays
et contexte local à la veille
du 18 septembre 2002
1. A titre d’exemple, entre 1970 et 1979 la Côte-d’Ivoire
connut un taux de croissance annuel moyen du PIB de 6,7 %.
2. Une forme d’opposition, reléguée cependant à la clandes-
tinité, existait déjà. Parmi les mouvements les plus importants
figurait le Front populaire ivoirien (FPI) de l’actuel président
Laurent Gbagbo, créé sur des bases maoïstes en 1982.
3. Issu du groupe ethnique baoulé (famille des Akan), Bédié
était un proche du président Houphouët-Boigny.
4. Parti démocratique de Côte-d’Ivoire : il s’agit de l’ex-parti
unique fondé par Houphouët-Boigny.
5. Rassemblement des républicains. Ce parti de tendance
libérale fut fondé en 1994 par Djéni Kobena, lui aussi ex-membre
du PDCI, une des premières victimes célèbres de l’ivoirité.
Alassane Ouattara en assumera la présidence en 1999.
6. Jean-Noël Loukou, historien et directeur du cabinet de
Bédié, fonda une cellule universitaire chargée de codifier le
concept identitaire de l’ivoirité.
7. L’épisode le plus grave eut lieu en décembre 1999 dans la
sous-préfecture de Tabou, lorsque suite à des conflits à propos de
la propriété des terres, quelque 5.000 Burkinabé furent expulsés
par la force.RAPPORT DU GRIP 2003/2 8
Ils prennent une tournure ethnique et font plusieurs
dizaines de victimes, surtout auprès de la commu-
nauté étrangère et dioula11
.
Les premiers mois d’exercice du pouvoir de
Gbagbo n’apaisent pas le climat social. Les élec-
tions législatives de décembre 2000 sont boycot-
tées par le RDR suite à l’écartement de Ouattara
Tableau 1 : La Côte-d’Ivoire en quelques chiffres
Indépendance Octroyée par la France et proclamée le 7 août 1960
Forme constitutionnelle République présidentielle
Superficie 322.463 km²
Capitale Yamoussoukro (capitale politique) et Abidjan (capitale économique)
Frontières Océan Atlantique (sud), Ghana (est), Burkina Faso et Mali (nord), Guinée Conakry et Libéria
(ouest)
Population 16,7 millions d’habitants
Densité 51,8 hab/km²
Taux de croissance
(estimation pour 2000-2005) 2,1 %
Répartition ethnique Soixante ethnies se regroupent en quatre familles principales : les Akan (42%) essentiel-
lement établis dans le sud-est, les Krous (15%) implantés dans le sud-ouest, les Voltaïques
(16%), majoritairement musulmans et implantés au nord/nord-est et les Mandé au centre-
ouest (11%) et au nord-ouest (16%).
Communautés étrangères Les communautés étrangères constituent environ 26 % de la population. La très grande
majorité de celles-ci sont musulmanes et originaires de la sous-région, dont à peu près
2 millions de Burkinabés, 900’000 Maliens et 300.000 Guinéens. La communauté française
comptait, début 2002, 16.980 personnes.
Taux d’analphabétisme 59 %
Taux de chômage 17 %
Pratiques religieuses Islam (38,6 %), christianisme (32,8 %), animisme (11,9 %)
PIB 9,4 MdsUSD (2000) et 9,2 MdsUSD (2001)
Répartition par secteur Primaire 33 %, secondaire 24 % et tertiaire 43 %
Taux de croissance -2,3 % (2000) et +0,1 % (2001)
Dette extérieure totale 15,8 Mds USD (ce qui équivaut au 117,2 % du PIB de 2001)
Principaux clients France, Etats-Unis, Pays-Bas, Mali et Italie
Principaux fournisseurs Nigeria, France, Belgique-Luxembourg, Italie, Allemagne
Forces de l’ordre Gendarmerie (7.600), Police (1.500), Garde présidentielle (1.350), Armée de terre (6.500),
Armée de l’air (700), Marine (900).
Source: Ministère des Affaires étrangères de France (fiche par pays: Côte d'Ivoire) http : www.diplomatie.gouv.fr/actu/article.asp?art-
26313 ; Division des statistiques des Nations Unies, http : //unstats.un.org/ ; The Military Balance 2002-2003, IISS/Oxfor.
L’histoire de la Côte-d’Ivoire bascule le 24
décembre 1999 et plonge dans une spirale de vio-
lence ; suite à une mutinerie au sein de l’armée8
, un
coup d’Etat porte au pouvoir le général Robert Guéï
et contraint le président déchu Bédié à l’exil en
France. Une nouvelle Constitution est adoptée par
référendum avec 86 % des voies exprimées le 23
juillet 2000 et les élections présidentielles se dérou-
lent dans des conditions particulièrement tendues9
.
Laurent Gbagbo est investi de la fonction prési-
dentielle10
le 26 octobre, suite à des manifestations
de rue réfutant la victoire prétendue de Guéï qui
s’était autoproclamé président quelques heures
auparavant. Ces protestations populaires dégénè-
rent rapidement en affrontements entre militaires
fidèles à Guéï et la gendarmerie et font, selon le
bilan officiel, 300 morts et plus d’un millier de
disparus, plongeant ainsi Abidjan et quelques autres
villes dans le chaos. Le lendemain, de nouvelles
manifestations organisées par les partis exclus du
scrutin revendiquent la reprise d’élections transpa-
rentes et engendrent de nouveaux affrontements.
8. Le 23 décembre, des soldats ayant participé à une mission
d’intervention et de surveillance des Accords de Bangui descen-
dirent dans les rues pour réclamer leurs primes de mission.
9. Un faux coup d’Etat est orchestré dans la nuit du 17 au 18
septembre 2000 et servira de prétexte pour épurer l’armée d’une
grande partie de ses membres originaires du Nord et susceptibles
de soutenir le RDR. De plus, quatorze candidatures sur un total de
dix-neuf (dont celles des représentants du RDR et du PDCI) sont
rejetées.
10. Selon les chiffres publiés par la Commission nationale
électorale, Gbagbo a obtenu 59,36 % des voix. Le taux de
participation au scrutin ne s’élevait cependant qu’à 37,42 % des
inscrits.
11. Terme générique utilisé pour désigner de manière générale
toute personne originaire de la bande sahélienne ; il désigne tout
aussi bien le Malinké que le Mandingue, le Mossi, le Sénoufo ou
le Ouolof. Par amalgame tout étranger, musulman ou membre des
ethnies du nord sera appelé Dioula, « commerçant » en quelque sorte.9 LA CRISE IVOIRIENNE
et sont remportées par le FPI qui obtient 96 sièges
sur un total de 225.
Une tentative de coup d’Etat est enregistrée
dans la nuit du 8 au 9 janvier 2001 et l’implication
de ressortissants étrangers et de certains pays
voisins est dénoncée par le gouvernement
12
. Une
nouvelle vague d’affrontements éclate entre civils
dont certains bénéficient de la complicité des for-
ces de l’ordre. Un Forum de réconciliation natio-
nale est finalement organisé du 19 octobre au 9
décembre 2001, ainsi que M. Gbagbo l’avait promis
suite à son élection, afin donner l’opportunité à
toutes les sensibilités politiques et de la société
civile d’exprimer leur malaise. Présidée par l’an-
cien Premier Ministre pendant la période de tran-
sition militaire, M. Seydou Elimane Diarra, cette
instance aura le mérite de tracer les perspectives
d’une réconciliation : elles portent notamment sur
la réouverture des procès sur les exactions de
l’automne 200013
, sur l’organisation d’un colloque
d’experts sur la Constitution, nommé le 7 juin 2002,
sur la poursuite du dialogue entre les différents
leaders politiques et sur la délivrance d’un certificat
de nationalité pour M. Ouattara qui lui est finale-
ment livré le 28 juin 2002.
Malgré la persistance d’une situation économi-
que difficile et de tensions latentes, le climat politi-
que semble sortir du Forum quelque peu stabilisé,
d’autant plus que l’aide internationale est relancée
au mois de janvier 200214
.
Pour mieux respecter les équilibres politiques
du pays, le président Gbagbo décide de former un
gouvernement d’ouverture nationale qui prend ses
fonctions le 5 août ; le FPI préserve de même une
position dominante au sein de cette équipe gouver-
nementale, la troisième dirigée par Pascal Affi
N’Guessan, avec 20 ministères sur un total de 34.
12. La déclaration du ministre de l’Intérieur Boga Doudou
retransmise à la télévision nationale le 9 janvier accuse sans
ambiguïté le Burkina Faso. Parmi les pièces à conviction, il citera
un billet de train Ouagadougou-Abidjan retrouvé dans les poches
d’un assaillant.
13. Il s’agit de la réouverture du procès relatif au « charnier
de Yopougon », où 56 corps de Dioulas criblés de balles avaient
été abandonnés le 26 octobre 2000. Un premier procès à
l’encontre de huit gendarmes s’était refermé en août 2001 sans
suites, faute de preuves.
14. La Banque mondiale reprend son aide le 30 janvier 2001.
Elle est suivie par la BAD (26 février), le FMI (27 mars), et
l’Union européenne en avril.RAPPORT DU GRIP 2003/2 10
2.1 Les faits
Profitant d’une visite officielle à Rome du pré-
sident Laurent Gbagbo, un soulèvement d’une
partie de l’armée a eu lieu dans la nuit entre le 18
et le 19 septembre 2002. Les mutins ont lancé
l’offensive dans les villes de Korhogo, chef-lieu du
nord du pays, à une centaine de kilomètres de la
frontière ivoiro-burkinabé, de Bouaké, principal
carrefour au centre du pays, et dans la capitale
économique du pays, Abidjan, située sur la côte. Le
bilan des premiers affrontements entre soldats
mutins et forces gouvernementales dès le début de
l’insurrection est estimé à plus de 80 morts et 150
blessés dans les rangs des soldats loyalistes, et
plusieurs centaines de victimes parmi les civils15
.
Parmi celles-ci figurent quelques personnalités
éminentes de la vie politique ivoirienne comme le
ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Me
Emile Boga Doudou et l’ancien chef de la junte
militaire, le général Robert Guéï. D’autres respon-
sables politiques ont subi des agressions ou des
tentatives d’agression. Ainsi, Bédié a pu trouver
refuge à l’ambassade du Canada, d’où il anime une
conférence de presse en réaffirmant son ralliement
au gouvernement en place, et Ouattara, dont le
domicile a été mis à sac, a trouvé abri à la résidence
de l’Ambassadeur de France16
. La famille de
Moïse Lida Kouassi, ministre de la Défense et de
la Protection civile, a également été victime de vio-
lences et d’une tentative d’enlèvement et a béné-
ficié de la même forme d’hospitalité que Ouattara.
Le Ministre a néanmoins repris ses fonctions dans
la journée du 19 septembre, une fois que les forces
gouvernementales avaient définitivement repoussé
l’attaque en dehors de la ville d’Abidjan.
Les cibles principales des insurgés, des sites
d’importance stratégique pour le contrôle des villes
ainsi que des objectifs militaires (casernes, armure-
ries, écoles de gendarmerie et de police), laissaient
supposer depuis les premières heures de la crise
qu’il ne s’agissait pas d’actes de nature spontanée,
et très vite le gouvernement assimile les faits à une
tentative de coup d’Etat
17
.
Les affrontements continuèrent essentiellement
dans le nord et l’ouest du territoire menant, dans les
jours suivants, à des combats d’envergure, notam-
ment dans les régions de Bouaké et de Daloa18
, ville
d’importance stratégique pour le contrôle de l’ac-
tivité de production du cacao.
Dans les semaines qui ont suivi la tentative de
coup de force du 19 septembre, plusieurs villes,
dont notamment celles de Didiévi, Bouna et
Ferkéssédougou, ont été le théâtre d’affronte-
ments armés entre les FANCI19
et les forces
rebelles du MPCI
20
.
Alors que les efforts de médiation entre le
gouvernement et les rebelles du MPCI avaient déjà
obtenu les premiers résultats, deux nouveaux grou-
pes armés ont fait leur apparition en déclenchant
des combats contre l’armée loyaliste à Man, dans
l’ouest du pays, le 28 novembre. Ces deux mouve-
ments rebelles, le MPIGO et le MPJ21
, se sont
affrontés aux FANCI à plusieurs reprises et ont
pris le contrôle d’une partie du territoire occidental
ivoirien, prenant le contrôle des villes de Man,
Grabo, Dadané et Touba. Bien que les rebelles des
trois mouvements aient toujours revendiqué une
autonomie totale des uns par rapport aux autres,
leurs délégations politiques ont systématiquement
parlé d’une seule voix lors des négociations me-
nées au cours des différentes étapes de la crise,
suscitant ainsi des doutes quant à l’effective indé-
pendance des trois branches22
.
Selon les estimations faites par les forces ar-
mées françaises présentes sur le terrain, les trois
mouvements rebelles, dont l’appellation est celle de
« Forces nouvelles », compteraient sur un effectif
total d’environ 6.000 hommes23
.
2. La tentative de coup d’Etat
du 18 septembre
15. « 80 à 90 loyalistes tués selon une source militaire »,
Fraternité Matin, 20 septembre 2002.
16. « Une tentative de putsch souligne la fragilité de la Côte-
d’Ivoire », Le Monde, 21 septembre 2002.
17. Lors de son allocution télévisée retransmise par le journal
de 20 heures de la télévision nationale, le Premier Ministre
affirmait que « la tentative de coup d’Etat a échoué ».
18. Les combats pour la reprise du contrôle de la ville de
Bouaké ont eu lieu les 6 et 7 octobre. Les affrontements à Daloa,
d’une durée de trois jours, ont commencé par une attaque rebelle
le 13 octobre.
19. Forces armées nationales de Côte-d’Ivoire.
20. Mouvement patriotique de Côte-d’Ivoire, cette appella-
tion est apparue officiellement début octobre.
21. Mouvement populaire ivoirien du Grand Nord, dirigé par
le sergent N’Dri N’Guessan (alias Félix Doh) et Mouvement pour
la justice et la paix, guidé par le commandant Gaspard Déli.
22. Lire à ce sujet « Il était une fois dans l’ouest » ? Jeune
Afrique l’Intelligent n°2198, du 23 février au 1er mars.
23. « Ces chiffres qui parlent », Jeune Afrique l’Intelligent
n°2195, du 2 au 8 février 2003.11 LA CRISE IVOIRIENNE
2.2 Les rebelles, qui sont-ils
et que revendiquent-ils ?
Les mutins qui ont participé à l’insurrection du
18 septembre, dont le nombre voisinait les 750 selon
les premières estimations, avaient déclaré, dès les
premières heures, être issus de la classe 98/2A24
et
des groupes connus en Côte-d’Ivoire sous les noms
de Zinzin et Bahéfouê25
. Les revendications avan-
cées dès le 20 septembre par ces insurgés ne
portaient cependant que sur des questions de na-
ture corporatiste.
Au bout d’une dizaine de jours26
, cependant,
l’identité des chefs fut connue, laissant la place à la
conviction qu’il s’agissait d’un mouvement struc-
turé. Outre l’habileté militaire de leurs troupes et le
degré de coordination de leurs opérations, les rebel-
les peuvent en effet compter sur des appuis logis-
tiques et financiers de poids, ainsi que sur du
matériel performant qui ne figurerait pas parmi
celui en dotation des FANCI. Les personnalités qui
occupent les sommets de la hiérarchie militaire de
ces groupes sont en majorité des officiers déser-
teurs de l’armée ivoirienne exilés à Ouagadougou.
Une partie importante de ces militaires ont été
proches du général Guéï et ont participé au coup
d’Etat de Noël 199927
en bénéficiant, en contrepar-
tie de leur fidélité, de postes de responsabilité
durant la parenthèse du pouvoir militaire.
Dès le mois d’octobre 2002, des actes d’affilia-
tion à la rébellion du MPCI de la part de civils furent
enregistrés et des tâches de représentation politi-
que leur furent confiées. Les deux postes princi-
paux de cette délégation politique sont occupés par
Soro Guillaume28
, secrétaire général du mouve-
ment rebelle, et Louis-André Dacoury-Tabley29
,
responsable des relations extérieures du mouve-
ment.
De plus, les rebelles semblent bénéficier dans
les zones sous leur contrôle d’un soutien populaire
assez franc, et il n’est pas à exclure que les efforts
de mobilisation menés auprès des populations civi-
les aient contribué à renforcer leurs effectifs30
.
Selon certains témoignages31
des jeunes apparte-
nant aux ethnies du nord, des prisonniers de droit
civil
32
, ainsi que plusieurs centaines de Dozos33
,
auraient adopté leur cause.
Les revendications avancées par les porte-
parole des rebelles du MPCI ont une nature pure-
ment politique : démission du président Gbagbo,
reprise des élections dans un cadre qui assure leur
transparence et fin des mesures discriminatoires
visant essentiellement les populations étrangères et
originaires du nord victimes du concept de l’ivoirité.
Bien qu’aucun parti politique n’ait officiellement
rallié la cause des mouvements de rébellion, il est
tout de même important de remarquer que ces
revendications recoupent les prises de position de
l’opposition au cours des dernières années, en
particulier celles du RDR, parti qui a toujours joué
le rôle de défenseur des droits du Nord. Ces
affinités pourraient cacher des liens souterrains,
comme le clame le pouvoir, mais aussi émerger
plus simplement d’un sentiment de révolte qui se
serait généralisé suite au durcissement du régime
en place.
Compte tenu des relations crispées que la
Côte-d’ivoire entretient avec ses voisins, plusieurs
24. Il s’agit de soldats de première classe ayant terminé leur
service militaire de 18 mois et refusant la démobilisation.
25. Ce sont des groupes de soldats déjà démobilisés que le
Général Guéï avait rappelé pour qu’ils intègrent sa garde person-
nelle. Restés sous les drapeaux suite au changement du pouvoir,
ils auraient à nouveau dû être démobilisés.
26. Lire à ce propos « Côte-d’ivoire : le visage de la
rébellion », Le Monde, 11 octobre 2002.
27. Il s’agit notamment de l’adjudant Tuo Fozié, du sergent
Chérif Ousmane et du colonel Michel Gueu qui ralliera la rébellion
après la prise de la ville de Bouaké, pour ne citer que les plus connus.
Lire à ce sujet « Quand le putschiste Tuo Fozié revient d’exil »,
Le Nouvel Afrique Asie n°158, novembre 2002.
28. Guillaume Kigbari Soro, 30 ans, exilé au début des années
90 à Londres, a été jusqu‘en 1999 le leader de la Fédération
estudiantine et scolaire de Côte-d’Ivoire (FESCI), à la tête de
laquelle il sera remplacé par un certain Charles Blé Goudé. Lors
de sa militance au sein du mouvement étudiant, il bénéficiait du
soutien aussi bien du FPI que du RDR. En 2001, il se présente aux
élections municipales sur la liste du RDR menée par Henriette
Dagri-Diabaté (commune de Port-Bouët).
29. Cet ancien responsable du FPI a longtemps été un proche
collaborateur de Gbagbo. Après sa rupture avec le parti du
Président, il fonde un journal d’opposition (Le Front) et s’installe
à Paris d’où il annonce son ralliement à la rébellion du MPCI le
6 novembre 2002.
30. Selon le colonel Gueu, responsable des opérations mili-
taires du MPCI, ses troupes seraient composées de 75 à 80% de
civils. « Voyage au pays des rebelles », Jeune Afrique l’Intelligent,
n°2193, 19-25 janvier 2003.
31. Plusieurs témoignages dans ce sens ont paru dans la presse.
Lire à ce propos « Les recrues douteuses de la rébellion ivoi-
rienne », Le Figaro, 16 octobre 2002.
32. Lire à ce sujet « Korhogo : plus de 300 prisonniers évadés
de la maison d’arrêt », Soir Info, 4 octobre 2002 et « Bouaké :
les prisonniers libérés », Fraternité Matin, 5 octobre 2002.
33. Les Dozos appartiennent à une confrérie de chasseurs
traditionnels originaire du nord de la région de Korhogo. Selon les
croyances populaires, ils possèdent des pouvoirs magiques qui les
rendent invulnérables aux balles. Plus de 1.500 d’entre eux
auraient répondu à l’appel des doyens de la confrérie.RAPPORT DU GRIP 2003/2 12
hypothèses ont été formulées quant à l’appui, ne
fût-ce que passif, de certains chefs d’Etat de la
sous-région aux mouvements rebelles. Ainsi, la
complicité de Blaise Compaoré qui a offert un
refuge à plusieurs de ces officiers en exil a souvent
été évoquée34
.
Ces hypothèses se sont renforcées depuis l’ap-
parition du MPIGO et du MJP ; plusieurs témoi-
gnages35
font en effet état de la présence de soldats
libériens dans les rangs des combattants, dont
certains qui pourraient avoir été recrutés parmi les
réfugiés des camps dans l’ouest du pays36
, et des
doutes quant à la possible participation du président
libérien Taylor dans la crise ont été plusieurs fois
exprimés37
. Il est difficile cependant de savoir si le
Libéria entend véritablement s’immiscer dans la
crise ivoirienne comme le prétendent les autorités
d’Abidjan ; un déplacement conséquent de troupes
vers l’est du pays constituerait probablement un
danger de taille pour le régime de Monrovia, tou-
jours confronté aux menaces que constituent les
opérations du LURD38
.
Enfin, le nom de Mouammar Kadhafi a été cité
à plusieurs reprises39
. Selon des sources militaires
françaises, des avions en provenance de la Libye
livreraient en effet des cargaisons d’armes à des-
tination des rebelles40
; le Guide de Tripoli, proche
de certains Chefs d’Etat de la sous-région dont
notamment le burkinabé Compaoré, pourrait ainsi
se servir de la crise ivoirienne pour alimenter ses
ambitions d’influence dans la région en soutenant la
partie majoritairement musulmane, celle de la ré-
bellion. La participation de la Libye dans le conflit
ivoirien s’inscrirait donc dans une politique d’acti-
visme sur le plan continental de ce pays, déjà
impliqué dans le soutien d’autres acteurs impliqués
dans des situations de guerre, notamment en Répu-
blique de Centrafrique et en République démocra-
tique du Congo41
.
Les rapports privilégiés que M. Kadhafi entre-
tient avec Blaise Compaoré et ses ambitions d’in-
fluence régionale et continentale pourraient effec-
tivement l’inciter à se servir de la crise ivoirienne
pour prendre de l’envergure.
Il n’est cependant pas à exclure que d’autres
figures externes au scénario ivoirien et actives
dans des domaines comme les trafics d’armes ou
les spéculations financières de grande taille soient
mêlées à la crise et aient joué un rôle dans l’arme-
ment ou le financement des rebelles42
.
Indépendamment de l’identité des fournisseurs
qui participent à l’armement de la rébellion, il est
important de souligner la situation particulière de la
région en termes de disponibilité d’armes légères.
Théâtre d’un nombre élevé de conflits depuis de
nombreuses années, l’Afrique occidentale reste
l’une des régions du monde où la dissémination de
ces armes est la plus importante. Souvent réutili-
sées d’un conflit à l’autre, on estime à environ huit
millions le nombre d’armes légères illicites qui
circulent entre les pays de la région en suivant le
sillage des guerres, profitant à la fois de leur facilité
de dissimulation et de la porosité des frontières.
34. Les autorités ivoiriennes n’ont pas hésité à pointer du
doigt Ouagadougou définissant la guerre comme une « agression
avec implication d’un pays voisin ».
35. « Les Libériens attaquent à l’Ouest », Radio France
International, 23 janvier 2003 et « Libéria, péril en la demeure »,
Jeune Afrique l’Intelligent, n°2196, du 9 au 15 février 2003.
36. La Côte-d’ivoire accueillait au total quelque 72.000
réfugiés dont la majorité est d’origine libérienne. Selon le UNHCR,
environ 45.000 personnes vivaient dans la ZAR (Zone d’accueil
des réfugiés) dans l’ouest du pays, qui abrite des camps dans les
villes de Danané, Tabou et Guiglo.
37. La présence de Sam Bockarie, ex-commandant du RUF
soutenu par le président libérien lors de la guerre qui a sévi au Sierra
Leone dans la région contrôlée par les troupes du MPIGO
viendrait corroborer cette hypothèse.
38. Lire à ce sujet « La crise ivoirienne menace de s’étendre »,
Courrier international, 10 octobre 2002, « Ivory Coast : who are
the rebels ? », BBCNews on line , 15 janvier 2003, « Ivory Coast
no longer a beacon for migrants », International Herald Tribune,
24 janvier 2003 et « Dialogue de sourds », Jeune Afrique l’Intel-
ligent, n° 2195 du 2 au 8 février 2003.
39. Lire à ce sujet « Kadhafi se rêve en parrain du continent »,
Le Figaro, 4 février 2003.
40. Lire à ce sujet « Côte-d’Ivoire : Pendant la trêve, les
livraisons d’armes continuent », Jeune Afrique l’Intelligent n°
2198, du 23 au 1er mars 2003.
41. En RCA, la sécurité du président Ange-Félix Patassé était
assurée par un contingent libyen depuis la tentative de coup d’Etat
de mai 2001. Ces soldats, avec le soutien d’avions de combat venus
de Tripoli, ont contribué à mettre en déroute les hommes du
général François Bozizé qui contrôlaient le nord du pays, lors de
la tentative échouée de putsch menée par ce dernier à la fin du mois
d’octobre 2002. Les troupes du MLC (Mouvement pour la
libération du Congo) de Jean-Pierre Bemba, également présentes
en Centrafrique, bénéficieraient aussi d’un soutien militaire
libyen. Lire à ce sujet « Tentative de coup d’Etat en Centrafrique.
Le général Bozizé : c’était prévu depuis longtemps », Fraternité
Matin, 28 octobre 2002, « La poigne des Sud-Africains s’exerce
désormais à Kinshasa », Le Soir, 13 décembre 2002 et « Un
évêque dénonce du cannibalisme dans l’Ituri », Le Soir, 24
décembre 2002.
42. Lire à ce sujet « Victor Anatoliyevich Bout, l’homme qui
arme les rebelles ivoiriens », Soir Info, 25 novembre 2002 et
« Voici comment les rebelles ont été financés », L’Inter, 28
novembre 2002 .13 LA CRISE IVOIRIENNE
Dans le cas particulier de la Côte-d’Ivoire, il
faut ajouter un élément supplémentaire : suite au
renversement du régime de Bédié de 1999, une
quantité non négligeable des armes prises dans les
armureries de l’armée par les militaires ayant
participé au coup d’Etat a été détournée et cachée.
Il se pourrait donc que certaines d’entre elles aient
servi lors de la phase initiale de la rébellion du 19
septembre.
2.3 Bilan des affrontements
Il est très complexe d’établir un bilan complet
des affrontements, compte tenu surtout de la diffi-
culté de vérifier l’authenticité des sources et la
véracité des informations diffusées par les deux
parties. Les estimations publiées jusqu’ici font état
d’un nombre de victimes qui oscille entre 1.000 et
2.000, tous bords confondus43
, même si dans la
réalité ces chiffres pourraient bien être des ap-
proximations par défaut.
L’ampleur de la crise que la Côte-d’Ivoire
traverse actuellement se mesure également par le
nombre de personnes déplacées ; selon les données
plus récentes, le nombre d’individus ayant fui s’élè-
verait à un total d’au moins 1.300.00044
. Les
communautés les plus touchées sont celles d’ori-
gine étrangère45
, bien qu’un grand nombre d’Ivoi-
riens ait également dû abandonner les régions où
les affrontements armés ont eu lieu. On estime en
effet entre 600.000 et 800.000 le nombre de per-
sonnes déplacées du nord et du centre du pays et
à 300.000 celles ayant fui les combats qui sévissent
dans l’ouest. Parmi ces populations figurent aussi
plusieurs centaines d’habitants d’Abidjan dépossé-
dés de leurs logements suite à l’ordre du gouverne-
ment de détruire certains quartiers précaires. An-
noncée le 5 octobre 2002, cette mesure s’imposait
selon le gouvernement afin de sécuriser les quar-
tiers proches des camps militaires d’Abidjan, où
des rebelles auraient trouvé refuge et caché des
armes. Ayant suscité de fortes protestations, de la
part notamment du HCR, ces opérations furent
arrêtées le 8 octobre, même si selon l’Office de
coordination des affaires humaines (OCHA), de
nouvelles missions de cette nature auraient repris le
28 janvier 2003, menant à la destruction d’au moins
200 habitations.
D’un point de vue territorial, par contre, l’insur-
rection armée des rebelles a abouti à un partage
presque égal. Les rebelles du MPCI contrôlent un
peu plus de la moitié nord du pays46
et les régions
frontalières avec le Burkina Faso, le Mali et, en
partie, la Guinée. Les rebelles de l’ouest exercent
le contrôle sur une partie assez étroite du terri-
toire47
et des régions frontalières avec la Guinée et
le Libéria. Le gouvernement, quant à lui, contrôle
un peu moins de la moitié de la superficie du
territoire national, dans la partie méridionale du
pays, qui comprend toute la partie côtière48
.
Il est intéressant de souligner que le territoire
sous contrôle des forces loyalistes est néanmoins la
partie riche du pays, où se trouvent la quasi-
entièreté des structures de production et les voies
d’accès et de transit les plus importantes (aéroport
international d’Abidjan, port d’Abidjan et port de
San Pedro).
La ligne de démarcation est contrôlée depuis la
signature du cessez-le-feu entre le gouvernement
et les rebelles du MPCI du 17 octobre 2002 par les
forces françaises présentes sur le terrain, même si
la situation sur le front ouest reste plutôt instable et
si de nombreux accrochages ont été enregistrés49
.
Le bilan économique s’avère le plus difficile à
quantifier. Les prévisions des experts sont néan-
moins pessimistes et évaluent les pertes à plusieurs
milliards de francs CFA, malgré la hausse sensible
43. Rapport de la mission d’urgence des Nations unies sur la
situation des droits de l’homme en Côte-d’Ivoire (S/2003/90).
Cette estimation fait suite à la mission des Nations unies de
décembre 2002.
44. « Côte-d’Ivoire : Humanitarian operations threatened
by lack of funds », Abidjan, 4 février 2003, IRIN.
45. Selon les Nations unies, environ 500.000 personnes ont
quitté le pays depuis le début de la crise. Parmi ceux-ci, on compte
environ 150.000 Burkinabé, 60.000 Guinéens, quelque 40.000
Maliens, plusieurs centaines de Nigérians et environ 45.000
Libériens. 40.000 Ivoiriens auraient également traversé la fron-
tière pour chercher refuge à l’étranger, surtout au Libéria et en
Guinée.
46. Notamment les villes de Buouaké, Korhogo, Katiola,
Odienné et Ferkéssédougou.
47. Les villes comprises dans ce territoire sont celles de Man,
Dadané, Touba et Grabo.
48. Le gouvernement contrôle notamment la capitale éco-
nomique Abidjan, la capitale politique Yamoussoukro, et les villes
de Daloa, Agboville, Gagnoa et San Pedro.
49. Plusieurs cas d’accrochages ont été enregistrés sur le front
ouest, dont certains qui ont impliqué les soldats français présents
sur le terrain. Le 31 décembre 2002 et le 9 janvier 2003, des
bombardements à l’hélicoptère lancés par les forces loyalistes
dans ces zones font au total 27 victimes, toutes auprès des civils.
Des affrontements le long du front ouest ont été signalés jusqu’à
la mi-mars.RAPPORT DU GRIP 2003/2 14
des cours du cacao qui a suivi le début de la crise.
Selon les données du Rapport d’exécution de la
surveillance multilatérale de l’UMEOA, la crois-
sance économique, dont les projections pour l’an
2002 prévoyaient une augmentation de l’ordre de
3% (contre 0,1 % de 2001) sera plus que probable-
ment nulle, compte tenu des perturbations liées à la
situation de guerre.
Il est probable qu’un certain nombre d’accords
commerciaux ne seront plus renouvelés50
et que la
perte en image du pays entraînera certainement un
ralentissement sérieux des investissements étran-
gers51
ainsi que des retombées qui risquent de se
prolonger sur le long terme.
50. A titre d’exemple, la Banque africaine de développement
(BAD) a annoncé le 11 février sa localisation à Tunis. Selon les
premières estimations, cela entraînera à un manque à gagner pour
la Côte-d’Ivoire de l’ordre d’environ 27 millions d’euro.
51. Lire à ce sujet « Ivorian unrest threatens West Africa
economy », BBCNews online, 1er octobre 2002.15 LA CRISE IVOIRIENNE
3.1 Au sein de la société ivoirienne
Au lendemain de la mutinerie du 18 septembre,
le pouvoir en place a immédiatement adopté un ton
de fermeté, voire guerrier, en laissant entendre que
la seule solution envisagée ne pouvait être que de
nature militaire et qu’aucune concession envers les
« assaillants » ne serait prise en considération.
Plusieurs personnalités52
, immédiatement relayées
par la presse53
, ont avancé des accusations à peine
voilées dans plusieurs directions en attribuant les
responsabilités des événements à Guéï
54
, Ouattara55
et aux pays voisins de la sous-région56
. Ces affir-
mations ont bien entendu accentué des tensions
déjà palpables au sein de la société et chauffé les
esprits d’une population qui manifestait des signes
de division depuis longtemps. Les accusés ont
rapidement démenti leur implication dans la rébel-
lion57
, d’autant plus qu’aucune preuve concrète n’a
été avancée par les autorités ivoiriennes pour
valider leurs soupçons. Vraisemblablement l’achar-
nement avec lequel le pouvoir ivoirien a pointé du
doigt les pays voisins visait à réclamer une interven-
tion de part de la France, en vertu d’un accord de
1962 prévoyant l’intervention de Paris aux côtés du
gouvernement ivoirien en cas d’agression externe.
Les accusations pas toujours indirectes dirigées
par le pouvoir aux Etats voisins sont venues alimen-
ter un sentiment nationaliste rendu fertile par l’ac-
tion du concept d’ivoirité ont renforcé l’hostilité de
certaines couches de la population envers les res-
sortissants étrangers, souvent assimilés, de par leur
nationalité, à des complices des rebelles. Plusieurs
cas d’exactions commises par des civils ou des
groupes des forces de l’ordre envers ces commu-
nautés ont été enregistrés tout au long des derniers
mois et le consulat du Burkina à Abidjan a subi
plusieurs attaques lors des manifestations organi-
sées par les « patriotes », dont celle du 26 janvier
2003 qui a débouché sur un incendie.
Peu accoutumée aux situations de guerre par
rapport à ses voisins, la population ivoirienne rési-
dant sous le contrôle du gouvernement a majori-
tairement réagi à la situation de crise en exprimant
son soutien au président Gbagbo par des manifes-
tations de rue et en participant à l’effort de guerre
par le biais de dons en argent ou en nature (sacs de
riz, cartons d’huiles etc.) destinés à l’armée58
.
Les réactions des partis politiques sont toutes
allées dans le même sens : tous ont insisté sur leur
attachement aux valeurs républicaines et démo-
cratiques et sur leur condamnation de la rébellion
ainsi que les moyens utilisés par celle-ci pour
avancer ses propres revendications59
.
Suite aux résultats médiocres de la campagne
militaire menée par les FANCI et dans le but de
centraliser toutes les opérations, le président Gbagbo
a procédé le 13 octobre 2002 à un changement au
sein de l’équipe ministérielle en remplaçant le
ministre de la Défense, M. Lida Kouassi
60
, par un
ministre délégué dont le poste a été attribué au
neveu du Président, M. Kadet Bertin.
Au niveau de la société civile, rares sont les
associations qui ne se sont pas alignées aux posi-
tions officielles ou qui se sont franchement oppo-
3. Les réactions à la situation
de crise
52. Lors de son discours adressé à la Nation le 20 septembre,
le président Gbagbo avait fait référence à un « complot étran-
ger ».
53. Le 24 septembre 2002, « Notre Voie », organe de presse
du FPI, accusait le président Compaoré d’être « le seul et unique
déstabilisateur de la Côte-d’Ivoire ».
54. Dans une allocution télévisée, le ministre de la Défense
Lida Kouassi annonce le 19 septembre que « Le général Robert
Guéi, présumé principal instigateur de ce coup de force, a trouvé
la mort ».
55. La presse proche du pouvoir a plusieurs fois accusé
Ouattara d’être responsable de la tentative de coup d’Etat qui a
déclenché la crise. Le 10 février, dans un article intitulé « Les
militants du RDR revendiquent leur appartenance à la rébellion
armée », l’organe de presse du FPI Notre voie définissait « le
MPCI, le MPIGO et le MJPn » comme « des succursales du RDR
qui attaque la Côte-d’Ivoire ».
56. Voir le discours adressé à la Nation par le président Gbagbo
le 8 octobre 2002 et publié le lendemain par Fraternité Matin avec
le titre « Je suis pour la paix ».
57. Le Ministre burkinabé de la Sécurité a déclaré fin octobre :
« Nous n’avons rien à voir avec cette rébellion. C’est facile de
nous accuser, nous n’avons rien à voir avec ce problème ivoiro-
ivoirien. »
58. Selon les autorités ivoiriennes, ces dons auraient une
valeur globale de l’ordre de quelques milliards de francs CFA.
59. Alassane Ouattara a fait une déclaration à la presse le 20
septembre, niant toute implication du RDR dans les événements
et rappelant l’attachement de son parti aux institutions républi-
caines. Les autres partis, sans exclusion, ont fait des déclarations
allant dans le même sens. Lire à ce sujet « Le RDR est contre les
coups de force », Fraternité Matin, 21 septembre 2002 et « Tous
derrière le gouvernement », Fraternité Matin, 23 septembre
2002.
60. Cette décision pourrait faire penser à une mesure disci-
plinaire à l’encontre de Lida Kouassi. Sous sa gestion de la crise,
les FANCI ont en effet montré de nombreuses limites face à des
rebelles bien plus efficaces. Gbagbo en aurait profité pour éloigner
un de ses anciens collaborateurs avec qui, selon certaines sources,
des dissensions commençaient à faire surface.RAPPORT DU GRIP 2003/2 16
sées à un régime dont le pouvoir s’exerce de
manière de plus en plus autoritaire. Les militants de
la LIDH61
, qui avait longtemps défendu le pouvoir
actuel alors qu’il était une force d’opposition, et du
MIDH62
, plutôt proche du RDR et défenseur his-
torique des droits du nord, ont lancé plusieurs
appels en faveur d’une solution négociée de la crise
et d’un meilleur respect des droits fondamentaux
des individus63
. Ils semblent cependant disposer de
peu de moyens d’action concrète et bénéficier de
peu de garanties de sécurité pour pouvoir jouer un
rôle actif.
S’il est remarquable qu’un ministère des Droits
de l’homme ait été créé pour surveiller et enquêter
sur les exactions commises, les résultats concrets
de l’action de cette instance restent difficiles à
évaluer. Depuis le durcissement du régime et le
début de la guerre, des menaces concrètes pèsent
en effet sur ceux qui osent exprimer leur opposition
au pouvoir présidentiel ou prendre des positions qui
ne soient pas en phase avec le discours officiel
diffusé par des médias de moins en moins critiques
vis-à-vis du pouvoir.
3.2 Au sein de la communauté
internationale
3.2.1 Dans la sous-région
Les déclarations politiques des chefs d’Etats de
la sous-région sont arrivées très vite après l’explo-
sion de la crise. De manière générale, toutes les
prises de positions officielles expriment le soutien
des chefs d’Etats envers le pouvoir institutionnel
ivoirien et condamnent la prise des armes à des fins
politiques. Au niveau de la CEDEAO, les réactions
ont fait état d’une grande inquiétude et de craintes
sérieuses quant à la possibilité de régionalisation de
la crise. Le rôle prédominant de la Côte-d’Ivoire
dans la sous-région sur le plan économique64
laisse
en effet présager des retombées négatives sur tous
les autres pays membres. Un sommet extraordi-
naire en présence de tous les présidents des Etats
membres s’est tenu le 29 septembre à Accra, afin
qu’y soit discutée la situation ivoirienne et qu’une
stratégie commune y soit élaborée. Les efforts
entrepris par la délégation diplomatique de la
CEDEAO, sous l’égide du secrétaire exécutif
Mohammed Ibn Chambas65
, ont abouti le 17 octo-
bre 2002, malgré des difficultés initiales66
, à la
signature d’un accord de cessez-le-feu entre le
gouvernement et les rebelles du MPCI et à l’ouver-
ture d’une négociation entre les deux parties. Ces
pourparlers ont commencé à Lomé le 30 octobre et
ont étés dirigés par le président togolais Gnassingbé
Eyadéma, en présence de plusieurs observateurs
internationaux67
. Les chefs d’Etats de la CEDEAO
ont, de plus, décidé l’envoi d’un contingent régional
ayant pour mission de veiller au respect des ac-
cords de cessez-le-feu. Cette force d’interposition
nommée ECOFORCE et qui devrait bénéficier
d’une aide logistique de la part de quelques pays
européens, prévoit la participation de troupes du
Togo, du Bénin, du Niger du Ghana et du Sénégal,
dirigées par le général Pape Khalil Fall. Composée
initialement de 1.264 soldats dont 650 sénégalais,
ce contingent régional devrait voir augmenter ses
effectifs à environ 3.500 hommes au cours des
prochains mois, selon ce qui a été annoncé à Accra
le 5 mars 2003.
A plusieurs reprises cependant, les responsa-
bles militaires de cette mission de maintien de la
paix ont eu l’occasion de se plaindre du manque de
moyens qui ralentissait sensiblement le début des
opérations sur le terrain, et de la lenteur avec
laquelle l’aide internationale promise leur était ache-
minée.
En plus des initiatives qui s’inscrivent dans le
cadre des actions de la Communauté ouest-afri-
caine, plusieurs chefs d’Etats ont œuvré de ma-
nière individuelle pour tenter de créer les bases
d’une résolution rapide de la crise. Un nombre
important de rencontres diplomatiques ont été or-
ganisées, ainsi qu’une rencontre entre le président
Gbagbo et son homologue burkinabé Compaoré qui
a eu lieu à Bamako.
61. Ligue ivoirienne des droits de l’homme.
62. Mouvement ivoirien des droits humains.
63. Voir par exemple « La LIDHO invite le gouvernement
à négocier avec les rebelles », Fraternité Matin, 5 octobre 2002.
64. La Côte-d’Ivoire représente environ 40% dans le PIB de
l’Afrique occidentale francophone.
65. Ministre des Affaires étrangères du Sénégal et Secrétaire
exécutif de la CEDEAO.
66. La première visite en Côte-d’Ivoire de la mission diplo-
matique de la CEDEAO a eu lieu début octobre. Elle a décroché
l’accord des rebelles, mais rencontré des réticences de la part de
Gbagbo.
67. La délégation gouvernementale, conduite par Laurent
Dona Fologo, président du Conseil économique et social, était
composée de 16 membres, issus pour la plupart des partis
représentés au gouvernement. La délégation rebelle était menée
par Guillaume Soro, le sergent Chérif Ousmane et l’adjudant Tuo
Fozié, chef des troupes rebelles de Bouaké.17 LA CRISE IVOIRIENNE
3.2.2 Sur le plan international
Au sein de la communauté internationale, les
premières prises de position furent françaises (cfr.
section 6) et américaines. L’administration améri-
caine, alignée sur la position française, a tout
d’abord œuvré pour faciliter l’évacuation de la ville
de Bouaké et la sécurisation des ses ressortissants,
en dépêchant un contingent d’environ 200 hommes
du Commandement européen des Forces armées
américaines au Ghana. Ces soldats ont assuré le
rapatriement depuis Yamoussoukro des enfants de
l’Académie chrétienne internationale de Bouaké,
préalablement évacués par les troupes françaises.
Washington a également exprimé son soutien quant
aux efforts conduits par Paris68
pour la résolution
diplomatique de la crise et condamné les violations
commises contre les droits de l’homme, le recrute-
ment des enfants-soldats et l’instauration de comi-
tés d’autodéfense.
Les réactions officielles sur le reste du conti-
nent africain et sur la scène politique internationale
se résument par une ferme condamnation des
coups d’Etats et de la rébellion armée comme
moyens de lutte politique, ainsi que par le soutien et
la reconnaissance renouée des institutions officiel-
les et élues de Côte-d’Ivoire. L’Union africaine, en
suivant sa ligne politique de priorité aux initiatives
régionales, a fortement encouragé les parties à
trouver un accord de paix et a exprimé son soutien
inconditionnel aux pays membres de la CEDEAO
engagés dans la médiation diplomatique69
.
Parmi les pays africains, l’Angola est celui qui
a manifesté le soutien le plus solide au pouvoir
ivoirien. Les relations entre les deux pays étaient
Nul ne peut affirmer exactement à l’heure actuelle
quels sont les Etats de la sous-région qui ont joué un rôle
actif dans le déclenchement des hostilités, ni de quel type
de soutien les rebelles ont pu bénéficier au sein des
différents pouvoirs en place. Certes, compte tenu des
moyens dont ils disposent, des questions en ce sens
restent posées. De plus, les relations que la Côte-d’Ivoire
a entretenues avec ses voisins lors des dernières années
l’ont reléguée dans une position d’isolement de plus en plus
marquée ; forte de sa position incontournable sur un plan
économique, elle a souvent ignoré les observations et les
critiques qui lui venaient de l’autre côté des frontières
quant au traitement qui était réservé aux communautés
étrangères, facilitant de la sorte la naissance d’un senti-
ment d’hostilité à son égard1
.
L’importance que la rébellion ivoirienne recouvre au
niveau régional se mesure par les tensions qui se sont
manifestées entre les chefs d’Etats de la CEDEAO lors des
différentes réunions de travail sur la question. Plusieurs
querelles de nature personnelle ont émergé lors de ces
débats et des divergences quant aux solutions et au
chemin à suivre ont étés enregistrées. Souvent focalisées
sur des questions de personnes plus que sur des problè-
mes de fond, ces rivalités ont fini par retarder l’avance-
ment des négociations et diminuer la crédibilité des initia-
tives des instances régionales face à la communauté
internationale.
Enfin, la composante régionale de cette crise se
mesure aussi par les retombées de taille qui se propage-
ront un peu partout dans la sous-région. Outre celles
inévitables de nature économique, les conséquences
Une crise nationale à connotation régionale
humanitaires risquent également d’influencer la vie d’un
grand nombre de pays voisins dans le futur proche. Les
populations déplacées, dont un grand nombre a choisi le
retour au pays d’origine, risquent en effet de provoquer de
sérieux problèmes sociaux dans des régions déjà affai-
blies par des carences et des dysfonctionnements des
services publics de première nécessité. Ces inquiétudes
sont d’autant plus fortes que la mise en place de plans
d’assistance de la part des agences des Nations unies
pour l’aide alimentaire et aux réfugiés connaissent des
difficultés de taille de par le manque de moyens financiers
suffisants, laissant craindre une crise humanitaire d’am-
pleur régionale. Le 8 mars 2003, dans un communiqué de
presse de l’Office de coordination des affaires humanitai-
res (OCHA), les responsables locaux de l’UNICEF, du PAM
et du HCR dénonçaient « la préoccupation prématurée
pour l’Irak au détriment de la crise ivoirienne qui dure depuis
cinq mois, où 70 à 80 % des réfugiés sont accueillis par
leurs familles ou par des proches ». Remarquons enfin
que la plupart de ces populations déplacées sont de
religion musulmane, ce qui pourrait également favoriser la
naissance de clivages confessionnels et de nouvelles
tensions inter-religieuses, tout aussi bien en Côte-d’Ivoire
que dans les pays limitrophes.
1. En septembre 2000, le général Guéï, alors président
de la République, répondait aux critiques du président
malien Konaté en qualifiant la communauté malienne de
Côte-d’Ivoire de « communauté de mendiants et de con-
seillers techniques margouillats ».
68. Déclaration de Ariel Fleischer, porte-parole de la Maison
Blanche, 2 février 2003.
69. Dans le communiqué de presse qui a suivi le Conseil
exécutif du 23 décembre 2002, l’Union africaine souligne « la
nécessité de rechercher une solution négociée à la crise dans le
respect de la légalité constitutionnelle et exhorte (les parties) à
coopérer pleinement avec la Médiation ».RAPPORT DU GRIP 2003/2 18
déjà très bonnes70
et semblent s’être consolidées au
lendemain de la crise. Le Premier ministre Affi
N’Guessan s’est rendu en visite officielle à Luanda
le 19 novembre pour faire un compte rendu de la
situation au président Dos Santos. Selon plusieurs
témoignages, ce dernier aurait participé à l’effort
de guerre ivoirien par l’envoi de mercenaires en
renfort aux FANCI71
et la vente de matériel d’ar-
mement, dont deux chars blindés T55 de fabrica-
tion soviétique qui sont arrivés à Abidjan le 13
octobre 2002 à bord d’un avion Iliouchine.
Les Nations unies ont, de leur côté, envoyé en
mission à Abidjan, du 23 au 29 décembre 2002, une
commission du Secrétariat général pour les droits
de l’homme, dirigée par le Haut commissaire ad-
joint Bertrand Ramcharam, afin que soit rédigé un
rapport sur les exactions commises. Une résolut
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